Plantage du décor : Cela fait quelque temps déjà que l'on cherchait à faire une course de rocher d'ampleur avec un vrai sommet au bout. Après moultes hésitations, notre choix s'est porté sur l'Aiguille du Moine et son arête Sud Classique : Départ d'un refuge connu (Refuge du Couvercle) et apprécié (miam les tartelettes en dessert), niveau de difficulté modéré (deux mini-longueur en V/V+), descente tranquille par la voie normale (cool, deux courses en une), parcours avec recherche d'itinéraire mais avec de bons repères, le soir retour au refuge pour éviter le stress de l'horaire et du départ du train du Montenvers sans nous, etc... Bref de quoi ravir notre première expérience en haute montagne en autonomie complète.

Les terribles échelles d'accès du refuge du Couvercle Arrivé sans soucis au refuge du Couvercle, avec le toujours impressionnant passage dans les échelles. Le lendemain, départ frais comme des roses et plein d'envie pour le sommet. Bon, Samuel ayant oublié le deuxième brin de corde, on regarde partir les autres cordées pour la voie normale et l'arête Sud classique. Samuel en profite pour établir un nouveau record Bas du Glacier du Moine - Refuge du Couvercle en aller-retour : 15 minutes.

Les cordées devant nous se divisent en deux types : Celles qui tracent et que l'on ne reverra plus, celles qui n'en savent pas plus que nous et qui s'éparpillent de partout dans la face et celles qui en savent moins que nous. Dans tous les cas, c'est cool, car il n'y aura pas de bouchons.

Leçon : Ne jamais suivre aveuglément une cordée. Toujours suivre son sens de l'itinéraire et la description du topo. Il y a aucune raison pour que la cordée de FInlandais devant vous connaisse mieux l'itinéraire.

Samuel dans la grande cheminée qui permet de rejoindre le gendarme en TDe plus, en chausson on dépasse tranquillement les cordées en grosses. Dans la première partie, cela passe vraiment de partout. On continue à bon rythme, et une petite longueur en cheminé effeuillée nous permet de rejoindre l'arête. Tranquille jusqu'ici on est nickel.

On arrive "au pied de la cheminée qui monte à la brèche immédiatement à gauche du grand gendarme en T à droite".

Leçon : Mieux vaux se familiariser avec les descriptifs de topo de montagne, car les instructions comme "suivre en ascendance à droite le dièdre-cheminée couché-oblique en laissant à main gauche la rive droite du glacier de la face Ouest" ne sont pas si rares.

Cette cheminé est la plus belle longueur de la voie, avec que des passages toujours faciles mais parfois sioux. Par contre c'est un passage dissymétrique car la première longueur est longue et facile et la deuxième est très courte et très bloc (3 mètres max de difficultés). Pour les montagnards aimant se coincer et tirer comme une mule cela sera tout droit, pour les grimpeurs cela sera possible en finesse sur le mur de droite suivi d'une traversée. Plus loin arrive le terrible passage du dièdre évasé : Samuel encore vivant après l'épreuve du dièdre évasé

  • Description dans le guide Vallot : « ...mène à un dièdre. Gravir la fissure dans son fond (4m, IV) »
  • Celle du topo "Sommet du Mont Blanc" : « Prendre pied par un grand écart dans un dièdre évasé un peu lisse, mais pouvoir de bonnes prises (4c/5, coin de bois) »
  • Et celle du topo-guide c2c : « Par un large pas vers la gauche prendre pied au bas d'un dièdre évasé. Le remonter (V athlétique, coins de bois et sangle) »

Leçon : Quand les topos sont pas d'accord sur la cotation, croire la plus dure. (Ici c'est "V bien tassé et bien athlétique" qui convient le mieux)

Alors jamais de la vie c'est IV : C'est évasé, c'est lisse, on est pas bien, l'équilibre est dur à trouver (Une lolotte dans un IV on aura tout vu) et c'est bourrin pour en sortir. Tout cela en 4 mètres pas plus. Et il y a effectivement un coin de bois pourri, avec une sangle encore plus pourrie autour qui du coup ne sert pas à grand chose. Donc chapeau bas aux premier ascensionnistes (1928).

Les fesses de Julien qui passent limite-limite Le dièdre évasé et suivi par un cheminée "malcommode". "Malcommode" en langage topo-alpi cela veux dire que tu vas en baver et que jamais tes fesses et ton sac ne passeront à la fois. Donc, c'est parti pour 6 mètres de ramping en crawl coincé pour passer cette @$#! de goulet-cheminée-mâchoire. Par contre, aucun risque de chute là, bloqué comme cela tu iras pas plus loin...

La suite est plus calme avec de beaux passages de rocher au soleil. Jusqu'à la dernière difficulté technique : Le petit mur en V : Là encore topo :

  • Vallot : « ... au pied d'un petit mur vertical ; le gravir soit par une fissure à gauche (IV), soit directement (V/V+, courte-échelle possible). »
  • Sommet du Mont Blanc : « ... au pied du petit mur en 5/5c. Le franchir (1 piton) - la sortie à gauche est plus facile (4c) - ... »
  • c2c : « ... au pied d'un petit mur (V+). La sortie sur la gauche est plus facile (IV+). »

Stéphanie sur l'arêteDéjà tout le monde est d'accord sur les cotations. Il y a plus le piton, mais un vieux friends coincé. Ayant été refroidi par le "dièdre évasé", on se lance tout de suite avec dans l'idée de faire la variante à gauche. Ben c'est dur quand même, les prises sont toutes lisses à cause des gens (dont nous) qui patinent tous au même endroit, les fissures sont bien rondes, et pareil c'est très bloc (3 mètres max) et c'est violent. Cette fois on passera en tirant sur les coinceurs... On a tous fait du 6b à vue, et là un 4c au tire-clous, va falloir améliorer notre technique sur ce genre de pas "délicats".

Leçon : Les cotations Cham' sont très tassées vers le bas, et le style de grimpe est souvent bien différent de ce que l'on retrouve en falaise. Donc prévoir de la marge, et pas hésiter de tirer sur les clous quand on sent que cela passera pas rapidement...

Après c'est pas fini, mais plus de pas durs. Et hop, arrivée au sommet. Horaires estimés pour l'ascension : Vallot (4h à 4h30), Sommet du Mont Blanc (3h à 4h), nous (7h).

Leçon : Les horaires sont pour des gens qui vont à la vitesse requise en montagne : Qui savent se décider vite et avancer rapidement. Donc difficile à respecter quand on commence à traîner dans les passages durs.

Samuel au sommet de l'Aiguille du Moine Petite photo au sommet, admiration du panorama, repos et c'est parti pour la descente...

Leçon : Ne jamais sous-estimer la descente. Topos (2h à 3h), nous (4h30).

La descente par la voie Normale semble moins paumatoire que la montée par cette même voie, car on a une meilleure vue d'ensemble. Et donc on ne s'est point planté de trajet, par contre c'est long... Et on a peut être en peu abusé des rappels (0 rappel obligatoire et on en a fait 7). Déformation de grimpeur de grandes voies sans doute...

Belle vue sur le Moine au premier plan à droite du chat du refuge de l'envers En conclusion, magnifique voie, avec un panorama 3 étoiles, je conseillerai juste aux grimpeurs de grandes voies de ne pas se laisser trop bercer par les cotations légères et les temps canons des topos et autres « Course intéressante et très fréquentée ; il y a que 2 passages délicats » (Vallot). C'est long, de manière ponctuelle bien hargneux et si on ne retourne pas au refuge le soir il va falloir courir sur le rocher...

La sortie sur camptocamp.